Le château de Chambord



Le long des coteaux courbes et des nobles vallées
Les châteaux sont serrés comme des reposoirs
Et dans la majesté des matins et des soirs
La Loire et ses vassaux s'en vont par ces allées.

Ces vers de Charles Péguy reflètent admirablement le caractère original de ces pays de Loire où tant de châteaux, de tous les styles et de toutes les époques, ont été construits. Il semble ici que la nature du terroir s'accorde en une intime union avec les œuvres des hommes. Parcourir ces provinces pour découvrir ces édifices, c'est un peu découvrir toute l'histoire de la France en une suite d'images somptueuses.

Cédant à un caprice, François 1er fait raser l'ancien pavillon de chasse des comtes de Blois et entreprend la construction de ce somptueux palais en 1519 qui ne fut qu'un royal rendez-vous de chasse. Dans l'ordre du gigantesque il annonce Versailles.


En 1539, François 1er  peut recevoir avec tout le faste désiré son rival Charles Quint. On a pu dire qu’il s’agit d’ « architecture d’exception, une prouesse technique, un colosse de pierres… tout simplement le rêve du jeune roi François. »

Notons cependant que le plan de Chambord reste féodal : un donjon carré flanqué de quatre tours et une enceinte ponctuée de tours rondes elle aussi mais la construction renaissance n'évoque plus aucun souvenir guerrier.

Elle comprend au milieu, le donjon, devenu une sorte de pavillon, puis à droite et à gauche, le reliant aux tours d'angle, des galeries à deux étages soutenues par des arcades. Dans le projet primitif de Léonard de Vinci ces galeries n'existaient pas, il n'y avait qu'une simple terrasse et l'effet produit par le donjon était beaucoup plus ample. On a donc augmenté le château des appartements royaux (à droite), les appartements prévus ne convenaient pas, d’une chapelle (à gauche). Pour les cuisines et les écuries on éleva des bâtiments bas refermant une grande cour rectangulaire comme ont peut le voir sur le devant de cette diapositive ci-dessus.

Malgré l’importance des travaux, en 1527 François 1er annonça officiellement qu’il fixerait définitivement sa résidence principale au Louvre. C’est Louis XIV qui achèvera le château.

Château de Chambord - façade nord-ouest
On remarquera ses grosses tours rondes et la hauteur des toits, d’innombrables fenêtres à meneaux s’ouvrent dans ses murs et dans ses combles et regardent vers le parc. On remarquera les pilastres décoratifs et les deux longues bandes qui soulignent l’emplacement et la séparation des étages.

Château de Chambord - Pignons 
Ce qu’il y a de remarquable dans ce château et qui frappa les hôtes étrangers qui l’approcheront, c’est son toit en forme de terrasse directement inspirée par l'Italie et qui offre un spectacle unique : la lanterne, les pignons, les lucarnes, les 800 chapiteaux, les 365 cheminées; les flèches, les clochetons  s'entremêlent tous, fouillés par les ciseaux du sculpteur. Cette terrasse forme comme une cité avec ses rues où l’on se rencontre.

Sous les rois la Cour y passait le plus clair de son temps. De là elle suivait le départ et l'arrivée des chasses, les revues et les exercices militaires, les tournois et les fêtes. A défaut d'une agitation continuelle, on serait mort d'ennui. Dans cette immense demeure perdue dans la forêt, les mille coins et recoins de la terrasse, favorisaient les confidences, l'intrigue et les galants apartés, qui tenaient une grande place dans la vie de cette brillante société.

Château de Chambord - L'escalier
Au centre de la salle des gardes se trouve ce célèbre escalier. La cage est faite de deux hélices qui se superposent sans se rencontrer. Primitivement il était isolé et montait d'un seul jet jusqu'au toit : l'effet était prodigieux. Mais en raison des inconvénients (courant d'air) François 1er fit installer des planchers reliant l'escalier aux différents étages.

Le noyau central est ajouré de telle sorte qu'on puisse s'apercevoir sans se rencontrer. Au-dessus de la terrasse il n'y a plus qu'une seule hélice. Elle tourne dans une magnifique lanterne de 32 mètres de hauteur. 

La décoration italienne ne vaut pas celle de Blois. On remarquera que la voûte en berceau à caissons sculptés, à la romaine, a remplacé la voûte d'ogive.

De tous les châteaux de la Loire  c’est le plus grand, le plus extravagant et le plus étonnant. Qu’est-ce qui a poussé François 1 er à vouloir construire ce gigantesque château de 400 pièces alors qu’il n’y a résidé lui-même que 42 jours. Son gout de la chasse n’explique pas tout…


Il n’en reste pas moins un chef d’œuvre de la Renaissance italienne en France. Admirables avec ses tours rondes modulant harmonieusement son éblouissante façade. En chiffre, une forêt giboyeuse de 5500 hectares, 1800 ouvriers travaillant pendant plus de 10 ans, un quadrilatère de 56m sur 117 m, abritant 440 pièces, 14 grands escaliers, 70 escaliers secondaires, 800 chapiteaux, et 365 cheminées.

Pour une visite virtuelle de cette merveille d'architecture: http://www.podibus.com/Chambord_VR/